La 29e édition de la Premier League sera sans doute une nouvelle démonstration de force de la part de Liverpool et Manchester City. Pour la troisième année consécutive les autres équipes devront donc se résoudre à regarder un show dans lequel Jürgen Klopp et Pep Guardiola tiennent les rôles principaux. Contrairement aux années précédentes, le titre ne sera pas attribué à l’équipe la plus talentueuse. Non, c’est l’écurie qui survivra au tsunami de blessure et qui pourra le mieux gérer les matchs dans des stades vides qui décrochera le titre. Et comme d’habitude, vous pouvez parier sur la Premier League avec Bingoal.
Liverpool a une double mission : égaler les vingt titres nationaux de Manchester United et remporter un deuxième championnat d’affilée pour la première fois depuis 1984. Même sans son leader attitré Virgil van Dijk, les Reds sont favoris pour prolonger leur titre. Dès lors, nous pouvons recommander aux challengers des Liverpudlians d’acheter le livre « Comment battre Liverpool pour les nuls ». Même Guardiola n’a pas encore trouvé le mode opératoire pour prendre Klopp de court. Avant le début de la saison, Guardiola avait perdu 9 de ses 20 duels contre Klopp et c’est de loin le pire bilan de l’Espagnol face à un autre entraineur.
Et pourtant, Manchester City à ses chances. À condition que Kevin De Bruyne réédite son one-man-show de la saison dernière et que Sergio Agüero soit enfin débarrassé de ses petits pépins physiques. Ça dépendra donc des Citizens si les autres clubs du Big Six seront condamné à ramasser les miettes. Mais dans une ligue avec deux ogres affamés comme Liverpool et Manchester City, il n’y a pas de honte à vouloir être le meilleur des vaincus.
London calling
À Londres, on ne voit pas d’un bon oeil la prise de pouvoir des clubs du nord de l’Angleterre. Mais Arsenal, Tottenham et Chelsea se rendent bien compte que pour l’instant ils n’ont pas les outils pour combler l’écart avec Liverpool et Manchester City. Les chiffres sont parlants : depuis le titre de Chelsea en 2017, les clubs londoniens ont tous été relégués à 20 points ou plus du champion.
Arsenal, qui s’entête à empiler les contre-performances, devra tout mettre en œuvre pour ne pas être privé de la Ligue des champions pour la cinquième année consécutive. Pour sa part Tottenham, qui a pris Gareth Bale en location au Real Madrid et a dépensé plus de 100 millions d’euros pour ses nouvelles recrues, devrait avoir le cran de revendiquer sa place dans le top 4. Des trois clubs londoniens, Chelsea est celui qui, en théorie, a le plus grand potentiel. Frank Lampard doit simplement trouver la bonne formule pour fusionner le talent des nouveaux venus Thiago Silva, Kai Havertz, Hakim Ziyech et Timo Werner au sein d’un collectif déjà bien rodé.
Et qu’en est-il de Manchester United ? Tant qu’Edinson Cavani, Marcus Rashford et Bruno Fernandes continueront à marquer, le manager Ole Gunnar Solskjær pourra camoufler les défauts de sa défense. Mais les Mancuniens ne peuvent pas ambitionner plus qu’un billet pour la Ligue Europa.
Quel outsider peut prétendre aux derniers tickets européens ?
Leicester City, Everton, Wolverhampton et Southampton auront comme objectif de se disputer les dernières places européennes avec Arsenal et Manchester United. À Leicester City en particulier, les attentes sont grandes après la cinquième place de la saison dernière. Le manager, Brendan Rodgers, a subi un traumatisme à Liverpool en 2014 après avoir perdu le titre à cause de la fameuse glissade de Steven Gerrard face à Chelsea, mais son détour au Celtic, l’a revigoré. Un remake de l’exploit de 2016 est quasiment impossible. Mais l’équipe composée de nos compatriotes Dennis Praet, Timothy Castagne et Youri Tielemans a tout pour créer la surprise.
Pour des clubs comme Fulham, West Ham, Burnley et West Brom, ça sera primordial de rester en dehors de la zone rouge lors des fêtes de fin d’année. Les matchs s’y succèdent à une vitesse folle et c’est traditionnellement la période pendant laquelle les équipes déploient leur opération de sauvetage.
Qui passe le cap des 30 buts ?
Pour la première fois depuis des années, la bataille pour le titre de meilleur buteur pourrait se limiter à une guindaille entre joueurs anglais. Les invités se prénomment Dominic Calver-Lewin, Jamie Vardy, Patrick Bamford, Harry Kane, Ollie Watkins, Callum Wilson et Danny Ings. À moins que des fauteurs de troubles étrangers comme Mohamed Salah, Sadio Mané ou Pierre-Emmerick Aubameyang s’invitent à la fête ?
La question est aussi de savoir si quelqu’un parviendra à atteindre la barre symbolique des 30 buts. Au cours des dix dernières saisons, seuls Mohamed Salah (32 buts, 2017-2018), Harry Kane (30 buts, 2017-2018), Luis Suárez (31 buts, 2013-2014) et Robin van Persie (30 buts, 2011-2012) y sont parvenus. Mais vu l’avalanche de buts ces derniers mois, il n’est pas exclu que le cap des 30 buts soit à nouveau franchi.
Dans le classement intemporel des meilleurs buteurs, Sergio Agüero dépassera probablement d’Andy Cole (187 buts) cette saison. Harry Kane s’est confortablement installé dans le top 10 et il a Robbie Fowler (163 buts) et Jermaine Defoe (162 buts) dans son viseur. Bien que Jamie Vardy soit en forme olympique, il peut tout au plus prendre la 15e place de Robbie Keane (126 buts).
Un premier succès en Premier League pour un manager anglais ?
Le nom d’Howard Wilkinson vous dit quelque chose ? Personne ne vous en voudra si ce n’est pas le cas. L’homme en question a remporté la dernière édition de la First Division avec Leeds United en 1992. Ce qui s’est passé ensuite devrait donner des frissons à tous les fans de football anglais : depuis le lancement de la Premier League lors de la saison 1992-1993, pas un seul entraîneur anglais n’a remporté le titre. De 1888 à 1992, la First Division était le terrain de jeu exclusif des managers anglais et écossais, mais aujourd’hui, ce sont principalement des non-Britanniques qui se transmettent le trophée chaque année. Il y a eu Arsène Wenger (3 titres), José Mourinho (3 titres), Pep Guardiola (2 titres), Carlo Ancelotti (1 titre), Roberto Mancini (1 titre), Manuel Pellegrini (1 titre), Claudio Ranieri (1 titre) Antonio Conte (1 titre) et plus récemment Jürgen Klopp (1 titre). Heureusement qu’Alex Ferguson (13 titres) et Kenny Dalglish (1 titre) ont par le passé sauvé l’honneur britannique.
La probabilité qu’un Anglais s’empare de la Premier League cette saison est petite. À l’exception de Frank Lampard, tous les managers des clubs du Big Six sont des étrangers. La plupart des supporters s’en moqueront, mais les puristes du jeu à l’anglaise espèrent secrètement que le bon vieux Frank pourra briser l’hégémonie étrangère.